Les Moulineaux, l’église Saint-Pierre, l’oratoire Saint-Fort, la mairie-école racontent l’histoire de Poigny-la-Forêt.
Les Moulineaux – reportage Public Sénat – mars 2023
A l’ancien lieu-dit « Petit-Poigny », entre la route de la roche aux loups et la chaussée de la licorne, un espace de 2 hectares, situé en pleine forêt classée Natura 2000, abrite les vestiges du Prieuré des Moulineaux.
En raison des risques d’effondrement, et dans l’attente des travaux de restauration, le site n’est pour l’instant ouvert au public qu’à l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine.
Un peu d’histoire…
L’abbaye fut édifiée au 12ème siècle par l’ordre de Grandmont, ordre érémitique fondé par les disciples d’Etienne de Muret, ermite installé dans la région d’Ambazac, dans le limousin, et décédé en 1124.
La Chapelle des Moulineaux, « joyaux de l’architecture grandmontaine » est l’une des trois chapelles de l’ordre de Grandmont encore existante en France et constitue l’un des rares témoins restant du mouvement d’extension du monachisme dans la vallée de la Guesle.
Jusqu’à cent moines y vécurent jusqu’à sa destruction et transformation en château au 16ème siècle par Jean d’Angennes, seigneur de Poigny. L’abbaye devînt alors relais de chasse avant d’être vendue au Comte de Toulouse en 1706. Elle abritera une laminerie d’étain au 19ème siècle avant de sombrer dans l’oubli.
Le sauvetage
En 2008, M. Thierry Convert, alors 1er adjoint au maire, donne l’alerte sur l’état de dégradation de l’abbaye. En 2012, à la suite d’une conférence donnée par M. Gilles Bresson, président du groupe d’études et de recherches sur les Grandmontains, M. Nicolas Derely et M. Olivier Chagot fondent l’association Sauvons les Moulineaux.
Depuis, la mairie et l’association œuvrent ensemble pour la conservation et la restauration du site.
La Chapelle a ainsi été inscrite à l’Inventaire des Monuments Historiques le 18 juillet 2014 et le Prieuré acheté par la mairie de Poigny-la-Forêt en 2016.
Grâce à l’opération « Sauvons nos monuments » lancée par le parisien et la plateforme de financement participatif Dartagnans , des grilles en fer forgé de tradition, permettant la clôture et la mise en sécurité de la Chapelle, ont pu être posées en septembre 2020.
Le projet complet de restauration du site est en marche et un appel au mécénat a été lancé grâce à la convention de souscription signée avec la Fondation du Patrimoine le 21 novembre 2020. La campagne se poursuit sur le site de la Fondation du Patrimoine et de l’association Sauvons les Moulineaux.
Les fouilles archéologiques
Depuis 2019, l’association archéologique Monachus mène chaque année une campagne de fouilles grâce au soutien de la mairie de Poigny-la-Forêt, de l’association Sauvons les Moulineaux et de la Direction Régionale des Affaires Culturelles. De nouveaux éléments de compréhension, à lire dans les extraits de notre journal ci-dessous, sont ainsi mis au jour par une équipe passionnée d’étudiants de Sorbonne-Universités, Panthéon-Sorbonne et de Versailles-Saint-Quentin, dirigée par Mathias Bellat (Muséum National d’Histoire Naturelle) et Ethienne Courné (Université Aix-Marseille).
La légende
L’histoire du Prieuré ne serait pas complète sans la légende des amours malheureuses d’Hilda. La duchesse d’Uzès racontait que le démon, ayant pris l’aspect du prieur, persuada la jeune fille d’éprouver son fiancé au moyen d’un anneau enchanté. Les amoureux en moururent et l’âme d’Hilda flotterait depuis tous les soirs au-dessus des ruines.
Au bord de la rivière, en contrebas de la route qui mène de Poigny-la-Forêt à Guipéreux, se dresse un petit oratoire. Il surmonte un bassin alimenté par une source.
Une mosaïque moderne orne son fronton triangulaire. Elle représente un évêque barbu guidant un enfant infirme au pied de la fontaine.
L’inscription à sa base révèle qu’en l’an 300 environ, Saint-Fort, évêque de Bordeaux allant à Lutèce, traversa la forêt des Yvelines. Voyant un enfant infirme qui pleurait de son malheur, l’évêque fit jaillir la source et ordonna à l’enfant de s’y baigner. L’enfant fut guéri sur le champ.
C’est pour commémorer cet épisode que, chaque année, le lundi de Pentecôte, après la messe célébrée en l’église Saint-Pierre, les habitants du village se rendent en pèlerinage à la source. Ils demandent à Saint-Fort de les protéger contre les maladies graves.
Bâtiment emblématique, la mairie-école de Poigny-la-Forêt a été construite en 1868 par M. Dubois, architecte de la ville de Rambouillet. Elle incarne alors l’unification administrative, politique et culturelle de la France du 19e siècle. Sa double vocation a été conservée et l’école élémentaire accueille aujourd’hui une soixantaine d’élèves.
« La mairie-école est l’édifice symbole de la citoyenneté dans nos territoires ruraux : c’est le lieu où elle se construit et où elle s’exerce. Entre 1840 et 1914, toutes les communes du Parc naturel se dotent de ce bâtiment public. Elément du paysage et objet familier du quotidien, cet édifice phare témoigne d’un fait culturel massif qui a structuré et structure encore nos villages : la construction républicaine à travers la démocratie locale et la scolarisation. »
Extrait de l’inventaire des mairies écoles du Parc, réalisé par le Parc Naturel en 2017.
A Poigny-la-Forêt, une délibération de l’assemblée municipale de la session du 15 août 1862 faisait état d’une liste d’enfants proposés pour l’admission gratuite pour l’année scolaire 1862-1863 dans l’école primaire communale dirigée par M. Baron, alors instituteur. Le règlement était assuré par le budget communal avec un total de 10 élèves (5 garçons et 5 filles) accepté par le conseil pour motif d’indigence.
Les discussions sur la création d’une école ont abouti l’année suivante et le conseil municipal, dans sa séance extraordinaire du 19 février 1863, vota l’acquisition d’un terrain pour y implanter une maison d’Ecole et une Mairie.
Découvrez la fiche descriptive réalisée par le Parc Naturel de la mairie-école de Poigny-la-Forêt.
« Un document du XIIème siècle permet de dater l’église de cette époque. Dès l’an 1158, le Pape Adrien IV confirme les possessions de l’Abbaye de Saint-Magloire de Paris. Au nombre de celles-ci figure Saint-Pierre de Poigny.
L’église est de dimensions modestes. Des quatre portes qui donnaient accès à l’édifice, deux subsistent. A côté de la porte sud se trouve encore une porte très basse et étroite qui donne directement sur les fonts baptismaux. C’est par cette porte que l’on introduisait autrefois les nouveau-nés pour le baptême.
Le clocher de l’église a l’aspect d’une tour carrée de 25 mètres de hauteur. Depuis l’origine de l’édifice jusqu’en 1904, le cimetière entourait l’église, comme dans toutes nos campagnes. Les restaurations commencées en 1910 mirent à jours plusieurs sépultures, entre autres un caveau où reposent certains membres de la famille d’Angennes, Marquis de Poigny, inhumés sous le chœur de l’église dès le XVIème siècle.
Les vitraux datent de la fin du XIXème siècle et du début de XXème siècle. Dans le chœur, on remarque un tableau du Christ en croix et une statue de l’enfant Jésus provenant de Prague. »
Source: Parc Naturel Régional de la Haute Vallée de Chevreuse